L’œuvre de Lartigue découvre enfin le Brésil dans une exposition dédiée à l’air, et à l’eau : deux thèmes de prédilection de l’artiste. On admire son formidable goût de vivre au cœur duquel le calme et la contemplation n’ont de cesse d’alterner avec l’ivresse de la vitesse et la conquête de l’air ; des cabrioles et des plongeons : « ce vivant qui remue », comme il le dit lui-même.
Depuis la donation faite à l’Etat français en 1979, l’œuvre photographique de Lartigue est régulièrement exposée et publiée à travers le monde. Aussi ses clichés nous semblent-ils familiers tant ils attisent nostalgie ou admiration. Lartigue est tour à tour « amateur prompt à saisir le charme de la Belle Epoque » ou l’un des inventeurs de la modernité photographique ; il fait osciller notre regard critique.
Les corps comme les objets, loin d’être figés par l’objectif de l’artiste, séduisent. Les sauts et les cabrioles, les avions en vol, les chutes ou les plongeons. Les voyages familiaux, les portraits d’amis ou la pratique de sport. Tous ces instants captés par un œil gourmand et passionné nous accompagnent dans un monde pétillant où la joie et les jeux règnent décidément.
Dès son plus jeune âge, Lartigue est fier de subtiliser des instants grâce à son appareil photographique. Il s’y adonnera avec ferveur tout au long de sa vie ; et fixe les images du temps dérobé dans de précieux albums qu’il compose patiemment. Il en existe 135, d’un format 52×36 cm, dont les 14 423 pages sont organisées et légendées par Lartigue lui-même. Il se voudra toute sa vie un amateur, dont il revendique le statut. Cependant la modeste exposition que lui consacre le MoMa en 1963 entraîne la reconnaissance générale de son génie de photographe – à son plus grand étonnement.
Cette exposition inédite présente une importante sélection d’images provenant de ces albums, exceptionnel journal photographique qui couvre le XXe siècle. La sélection est complétée par un ensemble d’œuvres permettant d’approcher la démarche de Lartigue au plus près : des citations extraites de son journal intime, des tirages d’époques, ses premières photographies couleur ainsi que des documents témoignant de l’histoire de sa reconnaissance en tant que photographe. Les aspects plus spécifiquement techniques que donne à voir l’exposition montreront finalement que bien au-delà de sa pratique « amateur », Lartigue fut toujours un photographe éclairé, à l’affût de ce que pouvaient lui apporter les innovations techniques. Œuvre d’un dilettante certes, mais d’un dilettante passionné, curieux et infatigable.
Exposition présentée du 22 juin au 22 septembre 2014
Instituto Moreira Salles
Rua Teresópolis, 90
Jardim dos Estados
Poços de Caldas – MG (Brésil)
Site de l’Institut Moreira Salles